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ICPAJournal

2 mars 2007

deuxième pas

Me voilà couché, exténué par cette tâche incessante qui consiste à faire la guerre à ma personnalité. Malgré mes victoires je reste le grand perdant. Je la foule à mes pieds, fière de ma force, piège de mon être. Car ma fierté n'est que le manteau sous lequel cette personnalité se cache en me laissant un goût de gloire dans ma défaite. Je tourne en rond, je titube avant de tomber devant mon incapacité à dépasser mes futilités.
Que me reste t-il sinon me cacher derrière mes livres dans une nonchalance pédante qui nargue mon entourage en leur montrant une culture livresque aussi mince que les pages que je tourne d'un air entendu.
Le bout du tunnel ne me semblait pourtant pas trop lointain. J'en voyais le halo à travers ce tube noirâtre. Pourtant à mesure que j'avance, je découvre une distance toute autre. Je suis persuadé d'avancer car le temps qui passe m'empêche malgré moi de reculer. Mais l'impression réelle est toute différente. Ce halo ne grandit pas à mesure que j'augmente le nombre de mes pas, j'ai même la désagréable impression qu'il s'enfuit discrètement. Peut-être que cette blancheur n'est qu'une illusion déposée par ma personnalité troublante pour jouer avec mes envies et mes rêves.
Dois-je continuer à jouer le rôle entendu que je déploie dans mes journées ? Est-ce cet être là que je suis vraiment ? Le sens de cette vie n'est qu'une pièce de théâtre où je joue un rôle appris au fil du temps et des rencontres. Le regard des autres est mon costume et ma culture est mon texte. J'en suis conscient mais qu'il est difficile de fermer le rideau. Mon rêve est d'arrêter de déblatérer devant tous ces spectateurs. Stopper la pièce pour dire à tous ces gens que tout cela n'est pas vraiment la réalité. Même si personne n'est assis dans les strapontins, même si tout le monde dans cette immense salle fait partie de la troupe, rien n'est vraiment vrai. La réalité se cache derrière le décor. Les coulisses sont la vrai vie. Mais à force de jouer, à force de vivre avec touts ces acteur la pièce de ma vie, j'ai oublié le reste. J'en suis arrivé à oublier le chemin des coulisses. Plus troublant encore, je n'ai plus envie d'arrêter la pièce. J'y suis certes malheureux, mais les moments de bonheurs me freinent, m'enracinent dans ce monde imaginaire qui est devenu ma réalité. Je joue malgré moi en jetant de temps en temps un regard furtif vers ces ombres sur les côtés. Cette liberté qui m'est offerte mais que je rechigne à prendre. Si je quitte la pièce, pourrais-je revenir ?
Derrière cette noirceur, y a t-il un monstre qui attend la gueule ouverte le moment opportun pour m'engloutir . La misère, la puanteur, la violence sont peut-être juste derrière ce décor. Comment savoir si je ne vais pas regarder ? Comment faire ?
Est-je assez de courage pour sauter dans ce vide sans espoir de retour ? Peut-être devrais-je demander à quelqu'un du plateau de me tenir par une corde et si je hurle, qu'il me tire vers lui, de retour dans la pièce. Mais je sais que mille cordes ne suffiraient pas à me ramener. Mon but aujourd'hui est simple et presque inaccessible. Le chemin qui me reste à faire est si court et si infini. La petite porte est si près de moi, mais mes craintes, mes doutes la mettent à des milliers de kilomètres de mon être. Je me retourne, le spectacle continu sans même un regard pour ma détresse. Tout le monde rit, pleure, hurle, meurt, naît, saigne, s'aime, fait l'amour, mange, se soulage, se masturbe, s'arrache les cheveux, berce le bébé, s'enferme dans la douleur, s'ouvre à la joie, à froid, à chaud et vit sa pièce dans une totale indifférence des autres qui vont et viennent et vivent les mêmes choses. J'hésite, je me balance, et je me jette. Me voilà de retour dans la pièce. Je ne vois plus la porte, le décor est ma maison, je rie, je pleure, je vie ma vie d'acteur pour oublier ma détresse, mon envie de liberté autre que celle écrite dans le scripte. Mais par manque de courage, par manque de volonté, par peur de l'inconnu, par petitesse, je reporte mon évasion à plus tard.

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30 janvier 2006

jour1

Aujourd’hui je décide de commencer mon journal. La raison en est très simple, je ne souhaite pas garder toute cette accumulation de remarques dans mes tripes. J’en ai assez d’avoir un impression de mal faire et d’attendre le coup de fil fatal qui me fera une remarque sur un quelconque manquement.

Ce n’est pas tant à cause des personnes, mais bien à cause de moi et de ce que je vie derrière mon sourire et ma bonne humeur.

Quand je travaille, je vis dans la crainte permanente d’avoir une remarque. Cela est futile pour un homme de quarante ans, mais comment faire ? Changer peut-être ?  Se dire que tout cela n’en vaut pas la peine ? Sûrement, mais qu’il est facile de planifier des pensées, de faire des propositions spirituelles.  Certain arrivent a donner un temps d’attention limité a chaque chose, puis passe à autre chose.

Quel plaisir que cela. Voilà la vrai signification de la vie. Moi je m’enlise dans ma faiblesse, dans ma sensibilité. Je hais la sensibilité quand elle vous ronge. Je hais cette tristesse qui me gagne quand on critique mon être. Je hais cette envie de plaire à tout prix, je hais cette hypocrisie qui dit le contraire. Je hais cette peur de décevoir, cette peur de ne pas être à la hauteur. Cette peur d’être remplacé si je ne satisfais plus. Et par-dessus tout je hais cette façon de me présenter comme quelqu’un de réfléchie qui prend tout avec du recul et plein de sagesse. Ce miel qui coule de ma langue pour donner l’impression aux autres d’être un roc dans la tourmente, un phare dans la tempête.

Toujours à tendre la main à celui qui craque, à rattraper les dérives des autres. Je hais cette manie qu’ont les gens de se laisser aller à leurs colères. Non pas à cause de cette dérive mais à cause de mon incapacité de les suivre dans ces chemins libérateurs.

J’attends toujours encore remerciements et encouragements dans mon travail. Je fais tout mon possible pour rester à jour dans les dossiers en travaillant d’arrache pied. Personne n’est à blâmer si ce n’est moi même. J’ai cette manie de vouloir briller tel un enfant devant sa mère , fière de montrer un bon bulletin, ou une bonne note. Je hais cette dérive qui m’a entraîné dans des arcanes de douleurs inutiles. Je m’en veux et je vomi cette douceur qui englue mes papilles.

J’en ai marre de ressentir les critiques à travers un verre grossissant, je vis dans un monde cotonneux et cela demande un travail de tous les instants. Je préfère œuvrer de façon préventive plutôt que d’avoir à subir une quelconque critique de la hiérarchie. Cette approche de déplaire m’indispose à un point tel, qu’aujourd’hui j’ai décidé de me soigner par l’écriture.

Je vais écrire un journal d’un grande banalité avec toutes les futilités qui entourent mes instants.

26/01/06

Ce matin, en allant au boulot, j’écoutais France Inter. On parlait d’une chanteuse très timide qui n’arrêtait pas de s’excuser et le présentateur associa cette manie à de la névrose.

Peut-être suis-je névrosé ?

Le fait de douter de soi est-ce de la névrose ?

Le jour ou j’ai loupé mon bac, j’ai décidé d’entrer dans la vie active. Ce choix m’a paru au début des plus intelligents. Puis vint le doute. La crainte de ne pas être à la hauteur. Toujours à m’excuser de mes lacunes ; de mes erreurs. Arriver à m’excuser de mes victoires, comme si cela n’était pas mérité. Et le doute a commencé à ronger plus profondément. La peur a pris le relais. Plus une minute à moi. Toujours à penser au regard des autres, à y rechercher la reconnaissance, l’accord tacite. J’ai vécu une vie accroché au regard de ceux qui m’entouraient. la peur du désaccord ou de la critique. Un sous-entendu d’incompétence me fait sombrer dans des abîmes remplis de vertige et de mal être. Vivre avec l’impression que les autres ont la science infuse. Que l’erreur ne vient que de moi et de mon incompétence. Cette folie de sombrer, de mettre la tête dans la boue dans le seul espoir déchu que quelqu’un, quelque part vienne me prendre par la main pour me dire que tout cela n’est pas vrai, que je vaux plus que cela, que je suis bien ,bon, intelligent. Quelqu’un qui me dise merci pour mon travail. Me complimente encore et encore. Je suis un enfant dans un corps d’homme. Un petit garçon qui recherche la fierté de ceux qui l’entoure. Un petit garçon qui a oublié de grandir par peur de décevoir dans un monde ou tout est permis et ou rien n’est donné. Chacun pour soi. Et moi qui croit que tout le monde doit me traiter comme ma mère. Voir dans chaque regard un regard maternel plein de compassion. Je dois me pincer, me donner des coups pour enfin me réveiller. Douter, me tromper et assumer.

27/01/06

Grosse journée avec réunion et travail en production. Pas de gêne particulière. C’est un jour plutôt sympa. J’ai du prouver au chef qu’il avait fait un oubli. Heureusement que j’avais gardé ce mail dans ma boite au lettre. Histoire de ne pas lui faire croire que je prend des décisions sans le consulter.

Je me dis des fois qu’il est trop tatillon sur certain point. Je me sent plutôt blessé quand il me dit qu’il souhaite être informé des choses qui se passent dans son service. Cela m’exaspère, mais bon, je serai peut-être pareille à sa place.

On a à nouveau encensé mon travail. Ce qui m’embête dans tout cela c’est que ces personnes ne voient que la partie apparente de l’Iceberg. Elle me juge sur ce qu’elles voit et moi, j’ai toujours l’impression d’avoir une forêt d’ignorance qui se cache derrière l’arbre . Peut-être est-ce normal, mais moi, je le vis assez difficilement. Et puis c’est gênant d’entre toujours se dire ‘’champion’’ alors que l’on sait bien, tout ce petit monde autour de la table, que ce n’est qu’une façade. Mais bon, j’écoute sans faire trop le fier. Je ne sais jamais la réaction que je dois avoir, et en plus cela me ramène toujours à ce coté premier de la classe, toujours envie de faire plaisir aux autres, paraître lisse et brillant. Faudrait que j’arrête de me laver, histoire de puer et de décevoir mon entourage. Mais même cella je ne pourrais pas. Etre sur de soi, voilà mon souhait. Mais je ne changerai pas. Au fond de moi je reste ce gars qui doute. Mais si je dois douter, que je le fasse de façon responsable en assumant mes lacunes.

On me colle des projets en pensant que je maîtrise le sujet. Mais loin de là. Encore à devoir étudier.

En tout cas j’essaye de mener à bien ces missions. Tant pis si je n’y arrive pas. Là j’écris un truc que je voudrais assumer, mais ce n’est pas encore gagné. Allez, persévérons.

30/01/06

Ce week-end j’ai rencontré les anciens copains et copines de classe.

Nous avons tous les marques de nos joies et de nos souffrances qui nous ont surpris au détour d’un virage.

Les gens sont comme moi ,en fin de compte. Plein de doutes et de peurs. Même Philippe qui est très riche semble soucieux.

Thomas cherche un autre boulot, ras le bol. Toujours aussi sympa.

Une femme est venue me saluer. On s’est embrassé et la voilà qui passe au suivant. Elle a un regard plein de compassion. Elle me semblait plus hautaine la dernière fois que je l’ai vue.  Mais cela reste un jugement hâtif de ma part. Elle a changé de coiffure. Je ne me rappelle pas son nom ni son prénom. Cela fait 2 fois que je demande mes voisins et à chaque fois j’oublie.

Elle est toujours belle et a gardé un physique de jeune femme.

J’apprends qu’elle a un cancer et qu’elle porte un perruque.  La maladie fait son entrée dans nos rencontres.

Fabienne la suit. Elle aussi avait déjà le cancer. En plus elle a perdu un enfant. Noyé dans une piscine. Sa souffrance lui donne des airs de loubard. Elle embrasse certains  sur la bouche.  Elle a une souffrance qui émane de son être. Un souffrance que nous ne pouvons pas assumer.

Et moi qui me plains de recevoir des remarques désobligeantes de ma hiérarchie. Je prends conscience de ma futilité et puis je donne à nouveau trop d’importance à ces inutiles soucis.

En tout cas ce fût une superbe soirée pleine de rires et d’alcool. On a bu comme au temps de notre jeunesse. Plein d’insouciance et en ayant donné nos clés de voiture à nos femmes. On les aimes aussi pour ça. Toujours à se dévouer et à regarder leur hommes rirent d’un souvenir ou d’une cocasserie de gamin. Nous étions des enfants derrière un bar de restaurant à fumer des cigares bien trop gros pour nous. On se racontait nos exploit en buvant de la bière et du vin et le temps glissait doucement. On s’est quitté vers 3 heures du matin, avec des restes de rire dans la gorge et un vertige qui nous rendait la vie plus insouciante. On est retourné chacun à sa vie. A l’année prochaine peut-être.

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